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Babylonie cassite

 

Introduction

Les premières attestations des Cassites dans la documentation cunéiforme se trouvent en Babylonie et remontent au début du xviiie siècle av. J.-C. Leur origine demeure incertaine, mais les propositions les plus vraisemblables les font venir du Zagros. Plusieurs noms d'années des rois paléo-babyloniens mentionnent leurs affrontements avec les Cassites, mais ceux-ci n'ont pas toujours pénétré dans le pays par des voies aussi violentes. Dans la région de Sippar, nombreuses sont les mentions d'individus ou de groupes qualifiés de cassites. Distingués des Babyloniens car ressentis comme allogènes, ils sont cependant impliqués dans les mêmes opérations économiques. Sur le Moyen-Euphrate, un roi de Hana porte le nom cassite de Kaštiliaš, sans qu'il soit possible de préciser s'il s'agit d'un des souverains de ce nom connus à Babylone. Un texte d'Alalah mentionne aussi un Cassite.

Après la chute de la dynastie de Hammurabi, des rois cassites montent sur le trône de Babylone. Cependant les Cassites ne forment pas la majorité de la population du royaume et ils ne semblent pas dominants non plus dans les sphères supérieures de l'État. À l'époque médio-babylonienne, des Cassites sont aussi attestés à Nuzi, en plein milieu hurrrite, ainsi qu'en Assyrie où Tukultî-Ninurta Ier en a ramené comme prisonniers de guerre après avoir conquis la Babylonie.

Vers 1155, une invasion élamite chasse la dynastie régnante du trône de Babylone. Mais la population cassite, de plus en plus assimilée au substrat local, continue de résider en Babylonie. De hauts fonctionnaires portent alors des noms cassites et des monarques de même origine reviennent au pouvoir entre 1026 et 986. Au Ier millénaire, les Cassites sont surtout présents dans les zones montagneuses du nord-est de la Mésopotamie, jusqu'à l'époque hellénistique où les sources les mentionnent comme une population guerrière.

Les témoignages écrits sur les Cassites proviennent de sources diverses. Les peuples voisins font mention de leur présence et de leurs activités. Leurs monarques ont laissé des inscriptions assez rares cependant. Il existe aussi de nombreux textes économiques, notamment à Nippur où les fouilles ont livré environ 12 000 tablettes, mais la très grande majorité de ces textes demeure inédite. Des archives familiales, trouvées à Ur, à Tell Imlihiye, ou encore de provenance inconnue, documentent les activités des personnes privées: elles consignent des achats de biens meubles, des prêts, des distributions de rations et des procès. Enfin, des mentions relatives à l'époque cassite figurent dans des documents postérieurs.

L'archéologie a dégagé les niveaux d'époque cassite dans de nombreuses villes de Babylonie, notamment Ur, Nippur, Uruk et Babylone, ainsi qu'à Dûr-Kurigalzu (Aqar Quf), résidence royale fondée par Kurigalzu Ier, à plus d'une centaine de kilomètres au nord-ouest de Babylone. Ces fouilles ont permis de retrouver l'architecture des palais, des temples (comme la ziggurat de Dûr-Kurigalzu) ou des quartiers d'habitation, mais également des kudurru, monuments figurés caractéristiques de l'art d'époque cassite, et de nombreuses empreintes de sceaux.

L'organisation sociale demeure obscure pour les périodes anciennes. Elle est probablement tribale ou clanique. À partir du xiie siècle, les individus se recommandent d'un ancêtre commun en ligne masculine: l'ensemble de ses descendants forme la «maison » de cet ancêtre éponyme. Chaque maison est soumise à un chef ou «Maître de la maison ». Ces groupes peuvent posséder de grandes propriétés terriennes. Leur lien avec les rois et l'État est mal connu. Les membres de la famille régnante sont eux aussi propriétaires terriens. La région de Nippur jouit aux xive et xiiie siècles d'un statut particulier et son gouverneur, qui porte le titre de gú.en.na, reçoit du roi d'immenses domaines fonciers. Le régime des terres a pu être qualifié de féodal.

Les Cassites ont respecté les traditions religieuses mésopotamiennes, mais ils ont également conservé leurs propres dieux, notamment Šuqamuna et sa parèdre Šimaliya considérés comme les patrons de la dynastie: ils possédaient à Babylone un sanctuaire où avait lieu l'investiture des rois. On ne connaît pas de temple voué aux autres divinités comme Buriaš, Harbe, Maruttaš ou Šuriaš, dont certaines sont peut-être d'origine indo-européenne.

La langue cassite ne se rattache à aucun groupe linguistique connu. Mais les documents rédigés en cassite font défaut, car la population arrivée en Babylonie a adopté aussitôt le médio-babylonien. Quelques listes lexicales, des noms propres et des termes techniques relatifs à l'élevage des chevaux offrent un corpus trop restreint pour permettre des progrès décisifs dans la compréhension de la langue. Les scribes poursuivirent et développèrent la tradition paléo-babylonienne et la littérature connut à l'époque cassite un grand épanouissement. Au Ier millénaire, plusieurs familles de lettrés néo-babyloniens étaient fières d'avoir pour ancêtres des scribes cassites. Des chefs-d'œuvre littéraires comme l'Épopée de Gilgameš, l'Épopée de la Création ou le poème dit du Juste souffrant (Ludlul bêl nêmeqi) furent soit rédigés, soit développés durant cette période.

 

Dynastie cassite

La formation d'une dynastie cassite remonte probablement au xviiie siècle av. J.-C. Lorsque, vers 1595, la prise de Babylone par le roi hittite Mursili Iermet fin à la dynastie de Hammurabi, les Cassites accèdent au trône de Babylone. Ils s'y maintiennent jusqu'à l'invasion élamite du xiie siècle. La liste royale babylonienne, qui mentionne trente-six rois ayant régné en tout «  576 (ans) et 9 (mois) », est donc assez proche de la vérité.

Cette dynastie semble formée d'une seule et même famille qui se maintient au pouvoir. Elle n'en est évincée qu'en deux occasions, au xive et au xiiie siècle. Jusqu'à Kadašman-Enlil II, les rois portent des noms cassites; après lui, la plupart des souverains ont des noms sémitiques. La succession normale s'effectue de père en fils et dans quelques cas de frère à frère.

La dynastie commence avec Gandaš, peut-être un contemporain de Samsu-iluna de Babylone (1749-1712). Les plus anciens monarques ne sont connus que par leurs mentions dans les listes royales et dans les chroniques; ils n'ont quasiment pas laissé d'autres traces, au point qu'on ignore en quel lieu ils ont exercé leur souveraineté. Burna-Buriaš Ier est le premier attesté de façon certaine comme roi de Babylonie, mais la première dynastie du Pays de la Mer continue de tenir le sud du pays jusqu'au début du xve siècle. Alors seulement les rois cassites contrôlent l'ensemble du pays, qui forme désormais un État national et unifié. La dynastie atteint son apogée aux xive et xiiie siècles. La Babylonie cassite est alors l'une des puissances les plus importantes sur la scène internationale.

Kadašman-Enlil Ier et Burna-Buriaš II correspondent avec les pharaons égyptiens: dans leurs lettres retrouvées à El Amarna, ils figurent parmi les « grands rois ». Des traités sont conclus avec l'Assyrie et l'Égypte, des relations diplomatiques se nouent avec le Hatti et l'Elam. Des émissaires circulent entre les diverses cours, porteurs de messages diplomatiques et de présents luxueux. Les mariages dynastiques renforcent ces liens: plusieurs princesses cassites partent dans les harems des pharaons égyptiens et le hittite Šuppiluliuma Ier épouse une fille de Burna-Buriaš II.

Les prétentions de ce dernier roi à dominer l'Assyrie demeurent vaines: ce pays connaît en effet un nouvel essor sous le règne d'Aššur-uballiṭ Ier, dont Burna-Buriaš II épouse la fille. Leur fils, à demi assyrien, est tué et remplacé par l'usurpateur Nazi-Bugaš. Aššur-uballiṭ Ier intervient alors pour remettre sur le trône son petit-fils Kurigalzu II. À partir de 1335 commence une série d'affrontements entre la Babylonie et l'Assyrie qui aboutit à une victoire du roi assyrien Tukulti-Ninurta Ier sur Kaštiliaš IV. Les trois successeurs de ce roi semblent avoir gouverné pour le compte de l'Assyrie (1224-1217), jusqu'à ce qu'une révolution babylonienne chasse le dernier d'entre eux. Mais c'est une intervention élamite (1158-1155) qui a finalement raison de la dynastie.

La documentation concernant les monarques cassites est peu abondante: elle comprend surtout la correspondance internationale, les inscriptions de fondation et les dédicaces, ainsi que les kudurru qui apparaissent au xive siècle. Les rois y adoptent des titulatures babyloniennes classiques, qui se coulent dans le moule préexistant de la tradition mésopotamienne. La langue cassite n'est pas utilisée: les inscriptions officielles sont rédigées en médio-babylonien, et plus encore en sumérien.

Ainsi la période cassite ne rompt pas avec les habitudes culturelles paléo-babyloniennes. La littérature connaît une floraison remarquable, la copie des textes anciens s'accompagnant de la mise en forme d'œuvres nouvelles comme l'Épopée de la Création, la Théodicée ou le Juste souffrant. Les grands ancêtres dont font état les scribes néo-babyloniens dans leur généalogie remontent à la fin de cette époque.

Le commerce, grâce aux relations internationales actives, est extrêmement développé. Marchands et artisans sillonnent les routes du Proche-Orient. La Babylonie fournit chevaux et chars et réexporte du lapis-lazuli d'Afghanistan. Les trouvailles archéologiques ont montré l'existence de liens avec le monde mycénien. L'or égyptien est très recherché par les souverains qui maintiennent au xive siècle un étalon-or, phénomène exceptionnel dans l'histoire du Proche-Orient; l'or est également utilisé pour orner les nouvelles constructions.

Car les princes se montrent aussi, conformément à la tradition, des bâtisseurs. Les restaurations de temples sont multiples: Kara-indaš rebâtit celui d'Ištar à Uruk, Burna-Buriaš II l'Ebabbar de Larsa. De nombreux travaux ont été accomplis par Kurigalzu, sans qu'il soit possible de préciser s'il s'agit du premier ou du second souverain de ce nom, notamment la reconstruction d'Ur et la fondation de la ville royale de Dûr-Kurigalzu.

 

 

Kings list

Gandaš (dates inconnues)
Agum Ier (dates inconnues)
Kaštiliaš Ier (dates inconnues)
Ušši (dates inconnues)
Abirattaš (dates inconnues)
Kaštiliaš II (dates inconnues)
Urzigurumaš (dates inconnues)
Harbašihu (dates inconnues)
Tiptakzi (dates inconnues)
Agum II (dates inconnues)
Burna-Buriaš Ier (dates inconnues)
Kaštiliaš III (dates inconnues)
Ulam-Buriaš (dates inconnues)
Agum III (dates inconnues)
Kadašman-Harbe Ier (dates inconnues)
Kara-indaš (dates inconnues)
Kurigalzu Ier début xive s.
Kadašman-Enlil Ier 1374-1360
Burna-Buriaš II 1359-1333
Kara-hardaš 1333
Nazi-Bugaš 1333
Kurigalzu II 1332-1308
Nazi-Maruttaš 1307-1282
Kadašman-Turgu 1281-1264
Kadašman-Enlil II 1263-1255
Kudur-Enlil 1254-1246
Sagarakti-Šuriaš 1245-1233
Kaštiliaš IV 1232-1225
Enlil-nâdin-šumi 1224
Kadašman-Harbe II 1223
Adad-šuma-iddina 1222-1217
Adad-šum-uṢur 1216-1187
Meli-Šipak 1186-1172
Marduk-apla-iddina 1171-1159
Zababa-šuma-iddina 1158
Enlil-nâdin-ahi 1157-1155

Bibliographie:

K. Balkan, « Studies in Babylonian Feudalism of the Kassite Period », MANE2/3, 1986, p. 63-75.

J.A. Brinkman est l'auteur d'une Bibliographie consacrée aux Cassites; voir en particulier «Kassiten », RlA, 1976-1980, p. 464-473 et Materials and Studies for Kassite History, Vol. I. A Catalogue of Cuneiform Sources pertaining to specific Monarchs of the Cassite Dynasty, Chicago, 1976.

W. Sommerfeld, «The Kassites of Ancient Mesopotamia: Origins, Politics, and Culture », dans J.M. Sasson (éd.), Civilizations of the Ancient Near East, New York, 1995, p. 917-930.

J.A. Brinkman, « The Monarchy in the Time of the Kassite Dynasty », dans P. Garelli (éd.), Le Palais et la Royauté, CRRAI 19, Paris, 1971, p. 395-408. J.A. Brinkman, « Notes on Mesopotamian History in the Thirteen Century B.C. », BiOr 27 (1970), p. 301-314. J.A. Brinkman, « Istambul A.1988, Middle Babylonian Chronology, and the Statistics of the Nippur Archives », ZA 73 (1983), p. 67-74.

From B. Lion, "Cassites" et "Cassites (rois)", Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, p. 162-165.

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kassites_in_babylonia.txt · Last modified: 2016/03/07 10:03 by gombert
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